lundi 25 novembre 2013

Yuval Amihaï Ensemble et Cheikh Sidi Bémol en concert au studio de l’Ermitage

C’était le 14 novembre, et le quintet n’a pas démérité. Un an et demi après la sortie de leur très bel album, le groupe mené par Yuval Amihaï, guitariste et compositeur israélien de génie,  proposait un co-plateau alléchant avec le guitariste, chanteur, auteur et compositeur algérien Hocine Boukella, alias Cheikh Sidi Bémol, qui joue depuis cinq ans avec le flamboyant saxophoniste soprano Damien Fleau, membre du Yuval Amihaï Ensemble.



Le concert débute sur six chansons solo de Cheikh Sidi Bémol, qui alterne des chansons douces et mélancoliques avec des airs plus entraînants et jazzy. Il chante en arabe et en kabyle, dédie une « petite chanson » à sa maman (« Je suis vieux mais j’ai encore une maman »), aussitôt suivie d’une chanson pour Saadiya, qui travaille à Alger : « Elle fait le plus vieux métier du monde, péripatéticienne, normalement c’est interdit mais ses clients c’est des flics, des juges… ça roule pour elle. » Puis il invite Damien Fleau à le rejoindre, le Cheikh chante en anglais et en arabe une tentative malheureuse pour rentrer dans le marché américain. Il mêle humour, virtuosité et tendresse. Il finit en douceur avec une vieille chanson kabyle qui chante l’espoir, « une chanson très belle et très vieille, ça prouve que ça fait très longtemps que les gens ont de l’espoir. C’est bien. » En huit chansons, le guitariste a posé l’ambiance, le public savoure sa chance de passer une soirée en compagnie d’excellents artistes, et après une pause le groupe est prêt à rejoindre la scène. 

 


Ça commence avec l’endiablé « RikoudLachalom », Danse pour la paix. Les musiciens sont en grande forme. Puis ils proposent « Chmouel », que Yuval Amihaï présente comme une vieille mélodie religieuse qu’il a découverte à sa Bar Mitzva : « J’ai jamais trop compris quoi faire ». En tout cas il en a retenu « Chmouel ». Puis c’est « Travelling South », une merveille de douceur qui  transporte loin, très loin de Paris, quelque part dans le  Sud… on a envie d’y rester. La mélodie se prolonge, entêtante. Puis c’est « Kadimouchka » qui réveille, avec Damien Fleau toujours aussi impressionnant. Ce saxophoniste est une véritable rock star, il met tout son souffle et toute son énergie dans son instrument et livre à chaque fois des prestations époustouflantes.


Cheikh Sidi Bémol revient, et c’est pour le public l’occasion de découvrir ou redécouvrir les talents d’arrangeur de Yuval Amihaï, qui a mis au point en même pas une semaine des arrangements pour intégrer le Cheikh au groupe. C’est du sur-mesure, comme une évidence. Trois chansons s’enchaînent, puis le Cheikh quitte la scène et laisse le quintet finir avec « Cher Mr. Wiesel », inspiré du roman La Nuit. Yuval explique sa réaction après la lecture : « Ça m’a choqué profondément, je me suis retrouvé avec un cri, une mélodie dans la tête ». C’est la première chanson que le groupe a jouée ensemble. Après la furie collective, semblable à une transe, les vents se taisent pour laisser place à la guitare, la contrebasse et la batterie.

Yuval Amihaï à la guitare et à la composition, Damien Fleau le sax soprano, Etienne Bouyer sax ténor et soprano, Olivier Degabriele à la contrebasse et Gautier Garrigue à la batterie. Si jeunes, et juste parfaits. Retenez ces noms et allez applaudir le Yuval Amihaï Ensemble le 17 décembre à l’Improviste, à Paris.

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