mercredi 11 décembre 2013

Nicolas Rafal, "Seul ensemble" au théâtre de l'Archipel

Etonnant spectacle que ce one man pianisticomique qui mêle allègrement airs d'opéra, rap inventé de toutes pièces, chanson sur le foie de veau, tentatives de drague lourdingues, citations de Barthes, Kundera, évocations de Nabila, danse russe, parodies de Tchekhov et de Feydeau...le tout régulièrement arrosé d'un verre de vodka avalé cul-sec. Spectacle complet, volontiers fourre-tout, follement décalé, totalement écrit et réécrit par Nicolas Rafal, artiste multi-facette curieux de tout, jamais satisfait et que rien n'effraye, à part les réactions de son public.  Il reconnaît avoir modifié son show suite à une critique acerbe. Il s'en veut, et dit que « Les critiques c’est comme les eunuques ça sait comment faut faire mais ça peut pas ». 
Pas faux...

Doué pour le chant, la danse, le jeu, le piano, il a tout mis dans "Seul ensemble".

Nicolas Rafal dans Seul ensemble L'Archipel - Salle 1 (bleue) Affiche

C'est du grand n'importe quoi...

Nicolas Rafal écrit ses textes à 95%. Quand on voit son étonnant one man pianisticomique qu’il joue à l’Archipel, on ne peut s’empêcher de se demander : mais d’où sort-il tout ça ? le garçon a plusieurs cordes à son arc et n’a rien voulu éliminer. Il reconnaît avoir écrit un spectacle fourre-tout, jamais le même d’une représentation à une autre car il le réécrit sans cesse sur un grand cahier Rhodia, orné  d’une spirale en son milieu et de coins carrés, à moitié entamé déjà par son écriture, son imagination, ses observations.

Après quelques temps passés sur les bancs de la fac, en histoire et philo, il s’évade et va prendre des cours de théâtre dans la même classe que Bérénice Béjo et Julien Boisselier. Il aura d’ailleurs l’honneur d’accompagner Bérénice à son casting sur « Meilleur espoir féminin », de Gérard Jugnot. Sa vocation artistique, il la contracte à l’âge de quatre ans, quand il voit sur scène le grand orchestre du Splendid.

Nicolas Rafal est sans doute le plus angoissé, cultivé et original des humoristes de la jeune scène française. La vie l’ « emmerde terriblement », alors il est curieux. « Sans la curiosité, on ne peut pas rire. » Quel autre humoriste alimente son imaginaire en allant voir des pièces de théâtre de Thomas Bernhardt ou de Tchekhov ? Il ne regarde qu’Arte, Desproges est sa bible, mais son rêve ultime, c’est de faire de la chanson comme Michel Jonasz, son modèle. Il aime Luchini, Gaspard Proust et Nicolas Bedos, Edouard Baer et Woody Allen. Il prend des cours de piano-jazz depuis quatre ans, avec l’espoir d’égaler un jour Petrucciani, Keith Jarret, Bill Evans, Oscar Peterson…

Il place la barre haut, très haut. Exigeant, jamais satisfait, il réévalue et réécrit sans cesse « Seul ensemble », attentif aux réactions du public, sensible à la moindre remarque. Il refuse la facilité, a écrit son spectacle seul car il estime « qu’il y a un mensonge si c’est écrit par quelqu’un d’autre. » Les textes, les blagues, les chansons, tout est de lui. 

Né de parents juifs polonais, dont les parents vivaient dans des villages situés entre Auschwitz et Tréblinka, il se dit « agnostique mystique », expression qu’il a trouvée dans un ouvrage d’Adeline Baldacchino traitant du critique Max-Pol Fouchet, « né en 1913 en Algérie, comme Camus » qu’il rencontra lors de ses études. Vous suivez ? quand on vous disait que Nicolas Rafal est cultivé… Agnostique, d’accord, mais il a toujours été intéressé par le judaïsme. Il a lu tout Primo Levi. Depuis quelques temps il participe bénévolement à des galas en faveur d’associations juives et y va à chaque fois avec plaisir. On a pu le voir à la soirée « Les étoiles du rire » organisée par et pour le Maguen David Adom, à Strasbourg et Paris. Il sera en février à l’affiche d’une soirée en faveur de l’association Mazone, avec  Daniel Lévi et Gérald Dahan.

Génial, déjanté, rafraîchissant, allez applaudir Nicolas Rafal au théâtre de l'Archipel, 17 boulevard de Strasbourg, les vendredis 20 et 27 décembre 2013 à 20h30. Entrée libre, sortie sous caution. Réservation obligatoire au 01 48 00 04 05. 

Et si le vendredi ne vous arrange pas, attendez février 2014: il sera en résidence une fois par semaine dans le même théâtre, et promet que ce sera sans doute le samedi soir. 



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