Da’el
est tireur d’élite à l’armée. Pour supporter l’angoisse, sa mère, Mandy Gruber,
directrice de l’usine de pyjamas pour ultra-orthodoxe Nani-ni-Nuit, s’offre
régulièrement des opérations de chirurgie esthétique : les anesthésies lui
procurent des instants de répit. Son père, Irad Gruber, est un génie qui a
inventé l’escalator en spirales, ce qui lui a valu le prix d’Israël et une
commande de l’Etat pour travailler à un vêtement anti-attentat. Sa soeur Lirit
vit avec Shlomi, un looser de quarante ans, dans une ferme bio dans le Néguev.
La famille a déménagé depuis peu dans le quartier tout récent de Tel Barukh
nord, au nord de Tel Aviv. Un quartier à l’architecture occidentale, proposant penthouse, duplex et autres triplex pour Israéliens
fortunés. Le père ne supporte pas ce nouvel appartement dans ce nouveau
quartier sans histoire, sans mémoire. Même les arbres n’y sont pas israéliens, les
concepteurs ayant jugé bon d’y transplanter des palmiers importés dans le pays
au cours des années 90, comme nous l’apprend la première page de ce roman
atypique, fable moderne sur une certaine société israélienne aisée et
occidentalisée à outrance. Appelée par sa mère hospitalisée pour prendre sa
place à la direction de l’usine, la fille se perd dans ce luxe retrouvé,
profite du jacuzzi et de l’écran plasma, en oublie de rendre visite à sa mère
qui succombe des suites de la greffe de nouvelles omoplates. Opération
pratiquée par un éminent chirurgien israélien installé en Allemagne, ce qui lui
vaudra l’appellation de « boucher de Dresde » par le jeune médecin de
service, effrayé par l’état de sa patiente.
Portrait au vitriol d’une famille désunie, de la société consumériste, de la perte des valeurs et de l’innocence, Textile est un texte tissé de plusieurs destins qui s’entrecroisent, ou se croisent brièvement sans jamais se rencontrer. Parfois des liens se nouent, puis se défont, et l’histoire suit son cours, acide, cynique, géniale. Constat lucide et désenchanté, personnages paumés, touchants, irritants. Les rues de Tel-Aviv parfois citées nous rendent ce roman sensiblement authentique. On se dit qu’on les a peut-être croisés, Da’el le sniper et sa mère tellement refaite et bien habillée qu’elle ressemble à une œuvre d’art. On se dit surtout qu’on a découvert un auteur qui a des choses à dire, qui les dit intelligemment, et qu’on ne va pas la lâcher.
Portrait au vitriol d’une famille désunie, de la société consumériste, de la perte des valeurs et de l’innocence, Textile est un texte tissé de plusieurs destins qui s’entrecroisent, ou se croisent brièvement sans jamais se rencontrer. Parfois des liens se nouent, puis se défont, et l’histoire suit son cours, acide, cynique, géniale. Constat lucide et désenchanté, personnages paumés, touchants, irritants. Les rues de Tel-Aviv parfois citées nous rendent ce roman sensiblement authentique. On se dit qu’on les a peut-être croisés, Da’el le sniper et sa mère tellement refaite et bien habillée qu’elle ressemble à une œuvre d’art. On se dit surtout qu’on a découvert un auteur qui a des choses à dire, qui les dit intelligemment, et qu’on ne va pas la lâcher.
roman
traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech
Actes Sud
mars 2008
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