Michel
Slitinsky, né en 1925, entre dans la Résistance à 17 ans après la rafle de
1942. A l’origine des poursuites engagées contre Maurice Papon, il publie en
1997 aux éditions de l’Aube Procès Papon, le devoir de justice. En 2000,
il publie L’affaire de tout un siècle (Le Bord de l’eau). Il a commencé
à écrire en 1968, en publiant Les Jeunes dans la Résistance ; deux
ans plus tard, c’est de la Résistance en Gironde qu’il nous parle, puis de L’affaire
Papon en 1983. Suivront Le Pouvoir préfectoral lavaliste, en
1988, Le Juif dans le regard de l’autre, en 1986, et Les Camps du
Sud-Ouest, en 1990.
Michel Slitinsky a vécu la guerre et depuis, la guerre ne le lâche pas. Il y revient sans cesse, parce qu’il avait 17 ans quand des policiers français ont fait irruption chez lui à Bordeaux pour l’arrêter, qu’il a réussi à se cacher dans un placard pendant que sa sœur était emmenée et libérée trois mois plus tard. « L’instruction devait révéler quatorze personnes victimes du zèle préfectoral. (...) L’officier allemand, furieux, fit relire à l’adjoint de Papon le paragraphe concernant la seule arrestation d’étrangers. » (p.22). Michel Slitinsky a retrouvé son avis de recherche élaboré par l’intendant régional de police, et l’a reproduit en page 27 – l’ouvrage est émaillé de reproductions de fiches de police - ; on reste abasourdi devant le pointilleux, l’abject, le formalisme, la froideur de cette note administrative, dont l’objet est « l’évasion du Juif SLITINSKY, Michel », et dans laquelle l’intendant régional de police, s’adressant à messieurs les préfet, sous-préfet, colonel, commissaire divisionnaire, commissaire central etc., a « l’honneur de (leur) rendre compte que le nommé SLITINSKY, Michel, né le 5 février 1925 à Bordeaux, manœuvre, (...), de nationalité française et de race juive, s’est enfui de son domicile en passant par les toits, au moment où, au cours d’une opération de police, il allait être appréhendé. » Suit son signalement.
Une évasion, une note administrative. Dévoilement de la hiérarchie, d’une bureaucratie à l’efficacité redoutable, au service trop zélé de l’occupant. La fiche 23 est consacrée à Boris Cyrulnik, six ans, « deux policiers, revolver au poing, pointé sur le visage du bambin... ». France, terre d’accueil.
Michel Slitinsky a vécu la guerre et depuis, la guerre ne le lâche pas. Il y revient sans cesse, parce qu’il avait 17 ans quand des policiers français ont fait irruption chez lui à Bordeaux pour l’arrêter, qu’il a réussi à se cacher dans un placard pendant que sa sœur était emmenée et libérée trois mois plus tard. « L’instruction devait révéler quatorze personnes victimes du zèle préfectoral. (...) L’officier allemand, furieux, fit relire à l’adjoint de Papon le paragraphe concernant la seule arrestation d’étrangers. » (p.22). Michel Slitinsky a retrouvé son avis de recherche élaboré par l’intendant régional de police, et l’a reproduit en page 27 – l’ouvrage est émaillé de reproductions de fiches de police - ; on reste abasourdi devant le pointilleux, l’abject, le formalisme, la froideur de cette note administrative, dont l’objet est « l’évasion du Juif SLITINSKY, Michel », et dans laquelle l’intendant régional de police, s’adressant à messieurs les préfet, sous-préfet, colonel, commissaire divisionnaire, commissaire central etc., a « l’honneur de (leur) rendre compte que le nommé SLITINSKY, Michel, né le 5 février 1925 à Bordeaux, manœuvre, (...), de nationalité française et de race juive, s’est enfui de son domicile en passant par les toits, au moment où, au cours d’une opération de police, il allait être appréhendé. » Suit son signalement.
Une évasion, une note administrative. Dévoilement de la hiérarchie, d’une bureaucratie à l’efficacité redoutable, au service trop zélé de l’occupant. La fiche 23 est consacrée à Boris Cyrulnik, six ans, « deux policiers, revolver au poing, pointé sur le visage du bambin... ». France, terre d’accueil.
Edtions Le bord de l'eau, 2007
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