Si vous n'avez pas
encore vu cette pièce qui se joue au théâtre de Poche à Montparnasse jusqu'au 9
mars, précipitez-vous! Allez applaudir les formidables comédiennes Judith Magre
et Catherine Salviat, mises en scène par Catherine Hiegel. C'est du très grand
théâtre, c'est malheureusement trop court, Catherine Hiegel ayant choisi de ne
mettre en scène que les trois premières pièces du recueil "Dramuscules"
(Dramolette) du génial Thomas Bernhard, qui n'aura cessé de mettre ses
compatriotes autrichiens face à leur bêtise et leur nostalgie du IIIème Reich.
C'est grinçant, hilarant, choquant, parfaitement huilé pour nous faire
réfléchir sur les vicissitudes notre propre société.
Le couple et l’Eglise
en prennent pour leur grade, une femme ravaude la veste de son homme, policier
répresseur de manifestations étudiantes le jour, fan de foot le soir, un homme
se fait enterrer après s’être fait renverser par un jeune Turc, deux
grenouilles de bénitier en profitent pour étaler leur bêtise crasse, un cadavre
découvert en bord de route et emballé dans du papier se révèle être encore plus
effrayant qu’il n’y paraissait de prime abord. Ça fait un bien fou d’entendre
ces textes intelligents, qui mêlent avec virtuosité l’humour à l’horreur.
Hiegel a choisi
d'introduire au milieu de deux scènes des citations de philosophes et d'hommes
et femmes politiques français, allemands et américains depuis les Lumières
jusqu'à nos jours, révélateurs du racisme de leurs auteurs. Comme quoi, et on
ne le dira jamais assez, on n'est jamais trop vigilants face à la
monstruosité.
Au Théâtre dePoche-Montparnasse, jusqu’au 9 mars 2014, 01 45 44 50 21.
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