Abraham
Heschel est né en 1907 à Varsovie d’une lignée de six générations de rabbins. Élevé dans le hassidisme, il est initié à la Torah dès l’âge de trois ans,
ordonné rabbin à seize ans. On le considère alors comme le sauveur du hassidisme.
Cependant, passionné par la culture occidentale qu’il découvre grâce au
mouvement de la Haskala, il se lance dans des études profanes à Vilna,
en Lituanie, puis à Berlin dans les années 20. « Le problème qui se posait
à mes professeurs était : comment être bon ? La question qui
résonnait à mes oreilles était : comment être saint ? Du même coup je
me suis rendu compte que la philosophie a beaucoup à apprendre de la vie
juive. » (Abraham Eschel, « Toward an understanding of Halachah »,
CCAR Journal, 1953). Le 28 octobre 1938, il fait partie
des dix mille détenteurs de passeports polonais expulsés d’Allemagne, soit une
semaine avant la Nuit de cristal. Le 21 mars 1940, après avoir transité à
Londres pendant neuf mois, il débarque à New-York. Il a trente-trois ans, le
monde va basculer dans la Shoah et ne s’en remettra pas, il a déjà vécu la
Première Guerre mondiale, il est porteur d’une culture et d’une érudition
exceptionnelles, tant dans le domaine du judaïsme dont il incarne l’esprit le
plus pur, que dans celui de la philosophie occidentale. Il est témoin d’un
univers voué à la disparition : « Je parle comme un homme qui a pu
quitter Varsovie, la ville où je suis né, quelques semaines avant le désastre.
Ma destination était New-York ; elle aurait pu être Auschwitz ou
Treblinka. Je suis un tison arraché au feu dans lequel mon peuple a été
consumé. Un tison arraché au feu de l’autel de Satan, sur lequel des millions
d’êtres humains ont été exterminés pour la plus grande gloire du Mal. » (Abraham
Heschel, « No Religion is an Island » 1965, in MGSA, p. 235).
Il remarque très vite l’ « absentéisme spirituel » des Juifs américains, comparable au vide intérieur de certains Juifs éclairés d’Allemagne, et dont il ne cessera de rallumer la flamme dans de nombreuses publications en anglais, langue qu’il maîtrise désormais à la perfection. Il fait figure d’extra-terrestre dans ce monde juif aseptisé où règne le courant réformiste, qu’il avait rencontré en Europe, mais compte néanmoins quelques adeptes. La grandeur et l’intelligence d’Abraham Heschel furent de ne pas rester confiné dans le monde juif ; il s’est battu aux côtés de Martin Luther King en faveur de l’adoption des droits civiques pour les Noirs, il a œuvré pour la liberté des Juifs d’URSS, s’est opposé à la guerre du Vietnam et à l’administration Nixon, enfin il a représenté le judaïsme auprès du Concile Vatican II, et a même tenté de renouer le dialogue entre judaïsme et Islam. Il meurt dans la nuit du vendredi 22 décembre 1972, laissant derrière lui un héritage spirituel inégalé.
Il remarque très vite l’ « absentéisme spirituel » des Juifs américains, comparable au vide intérieur de certains Juifs éclairés d’Allemagne, et dont il ne cessera de rallumer la flamme dans de nombreuses publications en anglais, langue qu’il maîtrise désormais à la perfection. Il fait figure d’extra-terrestre dans ce monde juif aseptisé où règne le courant réformiste, qu’il avait rencontré en Europe, mais compte néanmoins quelques adeptes. La grandeur et l’intelligence d’Abraham Heschel furent de ne pas rester confiné dans le monde juif ; il s’est battu aux côtés de Martin Luther King en faveur de l’adoption des droits civiques pour les Noirs, il a œuvré pour la liberté des Juifs d’URSS, s’est opposé à la guerre du Vietnam et à l’administration Nixon, enfin il a représenté le judaïsme auprès du Concile Vatican II, et a même tenté de renouer le dialogue entre judaïsme et Islam. Il meurt dans la nuit du vendredi 22 décembre 1972, laissant derrière lui un héritage spirituel inégalé.
Le titre est une citation tirée de Abraham
Heschel, Israël, an Echo of Eternity, New-York, Farrar, Strauss and
Giroux, 1969. En français, La
Théologie du renouveau.
Edward
K. Kaplan, Albin Michel, Présences du Judaïsme
Editions
Albin Michel, 2008.
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