mercredi 20 mars 2013

Festival du Cinéma Israélien à Paris du 3 au 9 avril



                                           Quelques réflexions sur la programmation

                   

Après avoir visionné les bandes annonces (bandannonces?) de ce qui sera projeté au festival, je peux vous dire qu'on ne va pas se marrer cette année... conflit israélo-palestinien, Shoah, Entebbe, maladies, célibat... c'est peut-être pour ça qu'ils programment "Zohi Sdom", le drôlissime film d'Eretz Néhédéret, sorte de "Les Nuls" puissance 1000 version israélienne, qui était déjà passé l'année dernière, histoire d'alléger l'atmosphère. Je peux déjà vous donner mes favoris: "The Gatekeepers", "Zohi Sdom" et "Hannah Arendt" qui clôt le festival. Peut-être aussi le documentaire sur Yéchayahou Leibowitz. Je peux aussi vous dire que ma première réaction face à cette programmation déprimante, fut de m'exclamer que ça ne donne pas du tout envie d'y aller.

                    Hannah Arendt


Voici la bande-annonce du Festival, pour vous donner une idée:

 http://www.youtube.com/watch?v=zw7YffqG0xM

Alors, me demanderez-vous, pourquoi ces choix ? (je parle des choix de la programmation, pas des miens). Pourquoi vouloir refléter une image si négative, désolante, presque effrayante, et je pèse mes mots, d’un pays qui a bien sûr plein de problèmes, mais où tellement de gens sont malgré ces problèmes heureux de vivre ? Un ami me disait il y a peu qu’une étude sur le bonheur dans le monde révélait qu’Israël est un pays bien placé dans le classement. Après une rapide recherche internet, je découvre qu’Israël est classé 7ème ou 14ème, c’est plutôt pas mal pour une planète comptant 192 pays reconnus par l’ONU (dont le Vatican). Ah sur un autre site je lis 25ème. Israël figure dans le top 25, ça veut quand même dire un peu quelque chose de ce que les Israéliens ressentent dans leur pays. Alors bien sûr j'imagine que plein de paramètres entrent en compte dans ce classement, ça doit dépendre aussi de la région d'habitation, c'est sûr qu'à Sdérot la vie est moins agréable qu'à Tel-Aviv, quoi qu'il en soit, on ne peut qu'avoir le sentiment que le festival ne reflète pas le pays qu'il est censé représenter.

De toute façon, un pays est beaucoup trop riche, complexe et diversifié pour être "représenté" par un festival. A un moment il faut bien faire un choix. D'où la question qui me taraude depuis le début de ce papier: comment Charles Zrihen, le président et créateur du festival, a-t-il fait ses choix? Nous en saurons plus très bientôt car nous tenterons de l'interroger à ce sujet.

Pour l'instant nous ne pouvons que formuler quelques hypothèses:
- c'est tout ce qu'il a trouvé à nous montrer;
- c'est un choix délibéré; le festival serait placé sous le signe de la 'hassra, comme on dit, c'est-à-dire de la déprime.

C'est une tendance dans le cinéma israélien depuis quelques années; on sait que les films traitant du conflit s'exportent mieux que les autres. Il est clair aussi que ce conflit fait partie intégrante d'Israël, on ne peut pas le nier et ce n'est certainement pas notre intention. Il est normal que des cinéastes s'y intéressent, le questionnent, l'explorent. Chaque famille israélienne est confrontée au problème de l'occupation, ou des territoires disputés, lorsqu'un de ses enfants part au service militaire. Je parle de chaque famille dite laïque, car les religieux étaient jusque là exemptés mais j'ai cru comprendre que ça allait bientôt changer.

Bref. C'est quand même triste.  Israël fête cette année ses 65 ans; Barack y est en ce moment, histoire de tenter de redorer son blason et de renouer les liens avec un Bibi affaibli par les récentes élections. Oui, le sort d'Israël est précaire, il n'a jamais cessé de l'être depuis sa création. Il a affronté 5 guerres, je ne sais combien d'opérations militaires, combien d'attentats, deux intifadas, l'assassinat d'un de ses Premiers Ministres. Il est clairement menacé par l'Iran et par cette histoire de territoires qui pourrit lentement la société civile, comme vont si bien nous le montrer les films programmés. Il évolue dans un environnement complètement instable depuis les soit-disant révolutions arabes qui ont radicalisé les pays musulmans; à sa frontière nord, les Syriens se font massacrer par un  psychopathe que rien ne semble pouvoir arrêter. Pour couronner le tout, la situation sociale en Israël n'est pas rose, le fossé se creuse entre les pauvres et les riches, il y a une grande misère. C'est vrai.

Mais la vie se poursuit, les Israéliens font face, des gens font leur alyah, fondent des familles, créent des boîtes, voyagent et en ramènent autant d'idées dont ils font profiter leur pays (voir à ce sujet l'excellent article de Chatsland sur Jewpop), enfin je ne sais pas moi, y a tellement d'autres sujets de films à traiter que le conflit!

Alors,  je reste avec mes questions, au final pas grand-chose de grave se joue ici, à part l'image d'un pays qu'on aime et qu'on aimerait bien voir sous un autre angle que celui de la guerre. Kol hakavod à l'esprit critique qui anime les réalisateurs dits de gauche, mais n'importe quel pays a droit à une image, sinon parfaite (ça n'existe pas), du moins équilibrée.
 

1 commentaire:

  1. je suis tout à fait d'accord avec votre annalyse sur le pays Johana...
    quant à la programmation, c'est vrai que ce n'est pas très gay...mais cela fait souvent de très beaux films...
    (j'aime la bande annonce !)
    alors je ne demande qu'à voir !!

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