Son
ami Eshkol Nevo reconnaît que c’est grâce à la lecture de ce roman qu’il a pris
conscience pour la première fois de ce qu’ont vécu près d’un million de ses
concitoyens en quittant la Russie et en venant s’installer en Israël. Boris
Zaidman est arrivé en Israël en 1975 avec ses parents ; son père était un
sioniste convaincu et sa mère, prof d’histoire et de littérature russes, était
très attachée à sa culture natale. Après des études de graphisme à Betsalel, il
se lance dans la pub et écrit son premier roman, de nature largement
autobiographique, en 2006. Hemingway et la pluie des oiseaux morts
raconte l’URSS, les vexations, la peur, l’omniprésence de la Shoah, la
découverte des livres et de l’existence du goulag... Mais aussi le départ en
Israël, la découverte de la bureaucratie israélienne qui n’est pas si
différente de celle de l’URSS. Tous ces souvenirs remontent à la surface à la
suite d’une proposition de l’Agence Juive d’aller faire une conférence dans la
ville natale du narrateur, Dniestrograd.
Boris Zaidman raconte avec sensibilité et un
humour léger et salutaire le déracinement, l’enfance, l’absence douloureuse de
l’unique grand-mère, la rencontre avec l’antisémitisme, en plusieurs tableaux
pas tous achevés, juste esquissés avec force détails, souvent touchants, dans
un récit où l’imagination a la part belle, grâce au point de vue d’un petit
garçon, Tolik, que j’ai pris tout le long du roman pour l’auteur en personne,
alors qu’il s’agit d’un cousin resté en Russie.
L’évocation du goulag est particulièrement saisissante. Elle nous permet de mieux palper l’horreur de ces immenses contrées glacées dans lesquelles furent envoyés de nombreux « citoyens » sous le régime soviétique, et offre à l’auteur la première image de son roman, et la plus réussie car puissamment évocatrice : la pluie des oiseaux morts. « Et alors, une pluie d’oiseaux gelés à en mourir s’abat des cieux vitrifiés par le froid. Cette pluie d’oiseaux se déverse, tambourine son crâne, ses épaules, son dos courbé. Des gouttes innombrables, rondes et lourdes, des blocs gris, hérissés de plumes gelées et agglutinées, le cinglent comme des grêlons. » (p. 108). On comprend mieux l’horreur de l’employée russe de la poste, à Ramat-Aviv, dans le dernier paragraphe, pour la climatisation dont les Israéliens usent et abusent. Une dernière chose : c’est vraiment bien écrit.
L’évocation du goulag est particulièrement saisissante. Elle nous permet de mieux palper l’horreur de ces immenses contrées glacées dans lesquelles furent envoyés de nombreux « citoyens » sous le régime soviétique, et offre à l’auteur la première image de son roman, et la plus réussie car puissamment évocatrice : la pluie des oiseaux morts. « Et alors, une pluie d’oiseaux gelés à en mourir s’abat des cieux vitrifiés par le froid. Cette pluie d’oiseaux se déverse, tambourine son crâne, ses épaules, son dos courbé. Des gouttes innombrables, rondes et lourdes, des blocs gris, hérissés de plumes gelées et agglutinées, le cinglent comme des grêlons. » (p. 108). On comprend mieux l’horreur de l’employée russe de la poste, à Ramat-Aviv, dans le dernier paragraphe, pour la climatisation dont les Israéliens usent et abusent. Une dernière chose : c’est vraiment bien écrit.
2006, éditions Gallimard 2008 pour la traduction française.
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