A l’âge
de onze ans, Hugo est séparé de sa mère qui le place chez une fille de joie
pour le sauver de la déportation. Son père a déjà été raflé, et sa mère, après
de vaines tentatives pour le remettre à des paysans, se voit obligée de le
confier à une amie d’enfance, Mariana, qui a mal tourné. Enfant belle et attirante, elle a quitté
l’école trop tôt, fascinée par l’argent que lui donnaient les hommes ; ses
parents la rejetèrent et elle entra en maison close à l’âge de quatorze ans,
pour n’en sortir qu’à la faveur de l’avancée des troupes russes, le temps d’une
brève échappée belle avant de finir tragiquement son existence sordide
illuminée par sa rencontre avec Hugo.
Hugo et Mariana, l’enfant juif et la fille
de joie, la pureté et la luxure, si étroitement mêlés qu’ils finissent par se
fondre sous nos yeux en un seul et même personnage, multiple et magnifique, victime
de la barbarie nazie, puis de la barbarie russe. Tout est flou dans ce roman
initiatique, alors que tout devait rester clair ; quoi de plus
dissemblables qu’un enfant juif et une femme enfermée dans une maison
close ? Mais voilà que Hugo va lui aussi se retrouver enfermé dans cette
maison à laquelle il ne comprend rien au départ, et dont les secrets vont lui
être révélés au fur et à mesure de son éducation sensuelle, puis sexuelle. Car
Mariana le séduit... car il séduit Mariana. Il est à sa merci, dépendant d’elle
pour sa nourriture, son salut. Il est fasciné par sa beauté, son extrême
féminité, ses caresses et ses baisers. Elle attend patiemment le moment où elle
pourra en faire son homme. Elle a la nostalgie des hommes juifs, plus doux et
prévenants que les autres.
Amoral et troublant, La chambre de Mariana a la douceur hypnotique des séductions lentes et raffinées, où les gestes et les mots se répètent à l’envi pour nous enfermer dans un piège fatal, inévitable, indécent. La fuite de ce couple improbable devant l’avancée des troupes russes s’apparente à un retour au paradis ; ils errent en pleine nature, seuls enfin, libres de pouvoir s’aimer. Chacune de leurs étreintes est un moment de grâce. Il est aussi beaucoup question de langage et de mots dans ce roman largement autobiographique dont l’auteur, après son évasion du camp de Transnistrie à l’âge de dix ans, et son errance en compagnie des marginaux, des voleurs et des prostituées, a affirmé n’avoir plus de langue.
Amoral et troublant, La chambre de Mariana a la douceur hypnotique des séductions lentes et raffinées, où les gestes et les mots se répètent à l’envi pour nous enfermer dans un piège fatal, inévitable, indécent. La fuite de ce couple improbable devant l’avancée des troupes russes s’apparente à un retour au paradis ; ils errent en pleine nature, seuls enfin, libres de pouvoir s’aimer. Chacune de leurs étreintes est un moment de grâce. Il est aussi beaucoup question de langage et de mots dans ce roman largement autobiographique dont l’auteur, après son évasion du camp de Transnistrie à l’âge de dix ans, et son errance en compagnie des marginaux, des voleurs et des prostituées, a affirmé n’avoir plus de langue.
Editions L'Olivier, 2008
Je ne peux que vous encourager à lire toute l’œuvre d'Aharon Appelfeld.
Ci-joint le lien vers la très belle interview d'Aharon Appelfeld réalisée en 2009 pour Arte par Serge Moati:
http://www.arte.tv/fr/serge-moati-rencontre-le-grand-ecrivain-aharon-appelfeld/2151166,CmC=2558056.html
Je ne peux que vous encourager à lire toute l’œuvre d'Aharon Appelfeld.
Ci-joint le lien vers la très belle interview d'Aharon Appelfeld réalisée en 2009 pour Arte par Serge Moati:
http://www.arte.tv/fr/serge-moati-rencontre-le-grand-ecrivain-aharon-appelfeld/2151166,CmC=2558056.html
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